2020 - Ardèche - Abbaye de Mazan Commentaires

La ligne de partage des eaux traverse le Parc des Monts d’Ardèche.  Être physiquement sur cette ligne, c’est avoir sous un pied les sources se dirigeant vers la Méditerranée et sous l’autre celles se jetant dans l’Atlantique.  En 2017, La ligne a inspiré LE PARTAGE DES EAUX, un parcours artistique à « ciel ouvert » accueillant des œuvres de Stéphane THIDET, Olivier LEROI, Gilles CLEMENT, Gloria FRIEDMANN, HUANG YONG PING et Felice VARINI.

Cette page est dédiée à ce dernier. Né en 1952 à Locarno, en Suisse, et vivant à Paris, Felice VARINI développe un art in situ.  Il agit en sa qualité d’artiste sur la réalité physique d’un paysage, d’une architecture.  Le terrain de jeu est l’Abbaye cistercienne de MAZAN, fondée au XIIème siècle.  En 1661, une douzaine de moines seulement vit encore dans l’abbaye qui est fermée définitivement en 1790 par la Révolution française.  L’abbaye devient une carrière de pierres.

Réalisée par Felice VARINI « Un Cercle et mille fragments », est une anamorphose qui se développe sur le sol, les murs, et les toits de l’Abbaye cistercienne de Mazan mais aussi sur le bâti qui l’entoure, pont, fortifications, auberge et ancienne école. L’unique cercle parfait et les fragments qui l’accompagnent se recomposent à partir d’un seul point précis. La feuille d’or utilisée pour le tracé permet de capter les variations de la lumière selon les heures du jours et des saisons.

Depuis le belvédère, en haut de la route, les fragments peints dans l’espace s’assemblent pour former une géométrie parfaite qui s’impose au regard.  En dehors de ce point de vue, c’est l’éclatement de la figure, les volumes de l’espace qui reprennent le dessus

« La lumière a toujours fait partie intégrante de mon travail.  Quand j’utilise une couleur unique, la lumière me permet de révéler l’infini des nuances.  Ici à Mazan, j’ai choisi la feuille d’or pour capter d’autant plus mes variations de la lumière selon les heures du jour et des saisons.  J’ai aussi voulu faire écho à la diversité des minéraux présents sur le site de l’abbaye » 

Felice VARINI

« Comment Varini a-t-il pu dessiner, tracer ces figures de lumière dans une dimension qui n’est plus à la portée de la main humaine ? Quel outil peut ainsi maîtriser l’espace et réaliser ensuite, ces épais traits d’or sur des reliefs inégaux et aussi incertains ? Magie… Ensuite, il a fallu dérouler, poser et peindre à feuilles d’or sur ces reliefs brisés et sans cesse interrompus, donner unité et lissé pour faire révéler à l’or sa puissance de lumière. Magie…

On a aussi dégagé le sol, très inégal et envahi de ronces et de ruines, et aménagé des passages clairs et praticables.

On a ainsi rendu le lieu plus humain, et plus magique, féérique, portant en lui quelques rêves hors des hommes et hors du temps. »

Jacqueline AIMAR